Contexte

Pour maintenir leurs multiples services écosystémiques (entre autres, la production de bois, les loisirs, la protection des sols et de l’eau, la séquestration du carbone) sur le long terme, les forêts doivent être continuellement régénérées. Les forêts européennes et, plus spécifiquement, les forêts belges sont cependant confrontées à diverses menaces. Les étés chauds et secs affaiblissent les arbres et les semis en raison du manque d’eau et déclenchent des épidémies de ravageurs et d’agents pathogènes. La récente épidémie de scolytes en Belgique est un exemple des conséquences de la succession de plusieurs années chaudes et sèches (2016-2018). En outre, la gestion de la faune sauvage, et en particulier de la population d’ongulés (chevreuil, cerf, sanglier) pourrait affecter de manière critique la dynamique forestière car les ongulés affectent préférentiellement certaines espèces d’arbres par rapport à d’autres, modifiant la composition de la forêt à long terme. Dans ce contexte incertain et changeant, les gestionnaires forestiers doivent améliorer la résistance et la résilience des forêts.

La création de peuplements irréguliers et mélangés selon les principes de la sylviculture proche de la nature ou à couvert continu est souvent préconisée à cette fin. En effet, le mélange d’espèces d’arbres aux traits fonctionnels contrastés offre une grande variété de réponses possibles aux différents stress et améliore ainsi la capacité de récupération de la forêt après perturbation.

Les forestiers ont besoin de guides sylvicoles pour rendre la forêt plus résiliente et tester des stratégies de gestion innovantes. Malheureusement, toutes les options sylvicoles envisageables pour chaque station et chaque scénario climatique ne peuvent pas être testées sur le terrain. Une analyse de scénarios basée sur des simulations est donc nécessaire pour sélectionner les pratiques de gestion les plus prometteuses qui pourront ensuite être expérimentées in situ.

Objectifs

Pour une série de cas d’étude (peuplements forestiers belges matures), le projet vise à tester différentes options de gestion sylvicole et de la faune sur le succès de la régénération, sur la fourniture de services écosystémiques et sur la fertilité des sols (durabilité) tout en tenant compte des changements climatiques. Pour atteindre cet objectif, des simulations seront réalisées à l’aide d’un modèle individuel et spatialement explicite (appelé HETEROFOR) décrivant la dynamique des peuplements en fonction de l’utilisation des ressources (lumière, eau et nutriments).

Ce modèle est particulièrement adapté pour tester des itinéraires sylvicoles dans des peuplements structurellement complexes et diversifiés en espèces. Il sera cependant adapté pour tenir compte des effets de l’abroutissement par les ongulés sur le développement et la mortalité des semis. Ces expérimentations intégreront des scénarios régionaux de changement climatique produits dans le cadre du projet Cordex.be (http://www.euro-cordex.be/).

Impacts attendus

Cette démarche aidera à définir la politique forestière aux niveaux régional et national en promouvant, par exemple, les opérations sylvicoles et la gestion de la faune visant à accroître la diversité, la résistance et la résilience des forêts. L’analyse de simulations permettra aux décideurs et aux gestionnaires forestiers de percevoir l’impact possible de divers scénarios de gestion des forêts et de la faune dans le contexte du changement climatique.

De plus, le projet créera un outil de modélisation qui pourra être réutilisé dans d’autres contextes pour tester l’impact des stratégies de gestion forestière tout en tenant compte des changements environnementaux.

Une description plus détaillée du projet est disponible ici.